Tourisme durable et solidarité : comment s'y prendre ?

lundi 4 juillet 2016 Actus du réseau France Communication - Sensibilisation HébergementProducteurs et distributeurs de voyagesTerritoires et destinationsActivités et loisirsServices aux entreprises
Tourisme durable et solidarité : comment s'y prendre ?
TweetChat Tourisme Durable #TDTC : Tourisme durable & Solidarité - Avec l'ATES

Chaque mardi, ATD organise un chat' sur Twitter avec des invités spéciaux. Le 31 mai dernier, l'ATES (Association pour le tourisme équitable et Solidaire) a pu apporter son expertise et des éclairages sur le sujet du tourisme solidaire. Une réflexion s'est construite avec différents intervenants impliqués dans le développement durable : le tourisme solidaire, comment s'y prendre ?

Cliquez sur [les noms des intervenants] ayant participé au chat' pour accéder à leur compte Twitter.

En quoi le Tourisme Solidaire diffère-t-il du tourisme durable ?
Est-ce une forme de tourisme durable ?

Qu’est-ce que le Tourisme Solidaire ?

En 2004 l’UNAT, les associations de tourisme solidaire et leurs partenaires ont élaboré cette définition du tourisme solidaire : toutes les formes de tourisme “alternatif” qui mettent l’homme et la rencontre au cœur du voyage et qui s’inscrivent dans une logique de développement des territoires. Les fondements de ce type de tourisme reposent sur l’implication des populations locales dans les différentes phases du projet touristique, le respect de la personne, des cultures, de la nature et une répartition plus équitable des ressources générées [ATES].

Proche du concept de développement durable, le tourisme solidaire vise également une équité intergénérationnelle - solidarité dans le temps entre les générations - et intra-générationnelle - dans l’espace entre les territoires [ATES].

La solidarité, une valeur du tourisme durable ?

Les voyages de rencontres, la création de lien social entre cultures [Widetrip] sont à eux seuls une forme de tourisme durable, visant une solidarité et une équité, dans l'espace entre les territoires et dans le temps entre générations. Tourisme durable, responsable et solidaire sont donc étroitement liés [ATR].

Le tourisme solidaire est une composante du tourisme durable [Terre de Sames] mais il ne peut être 100% durable, s’il ne prend pas en compte la dimension environnementale [Les globe-blogueurs].



Pour Schuldi’s World, les 3 mots clés du tourisme “solidaire donc durable” sont échange, partage, respect.

Tourisme solidaire vs tourisme de masse ?

Le tourisme solidaire répond à un besoin local, le tourisme de masse à une demande économique [Terre de Sames]. D’ailleurs, la promesse du tourisme solidaire n’est-elle pas de "vivre son voyage" plutôt que de le "consommer" ? [Les globe-blogueurs]

D’une dimension humaine moindre, le tourisme de masse place le touriste en observateur. Le “touriste solidaire” est davantage acteur, tourné vers la compréhension [Widetrip] de son environnement.

Le tourisme solidaire veille à une répartition équitable auprès des populations locales [Sara Duong], pour générer davantage de revenus [Les globe-blogueurs].

Paradoxalement, le tourisme dit « de masse » peut être solidaire et le tourisme dit « solidaire » peut se contenter de promesses de développement non réalisées [ATR].

Enfin, serait-ce envisageable que le tourisme de masse devienne un jour solidaire ? [Claire Batard]

 

Qui peut faire du Tourisme Solidaire ? Dans quels pays ?

Le tourisme solidaire, partout et pour tous ? Oui, le tourisme solidaire est possible dans les pays du Nord comme ceux du Sud [Sara Duong],. En France, par exemple, le guide Dream Act fait découvrir le Paris des parisiens solidaires !

→ Retrouvez l’avenir du Tourisme Solidaire à Paris, 1ère destination au monde, sur Altermondes.

Certains pays et régions peuvent ressentir plus fortement les effets du tourisme solidaire [Widetrip]. Pour les pays du Sud, cela se traduit par le soutien au développement des communautés, la mise en avant d’une culture, d’activités, tout en respectant l’environnement et les modes de vie [Vox Equitable].

Le tourisme solidaire pour tous, oui, mais à condition de savoir-faire [Hopineo] : en s’appuyant par exemple sur des structures spécialisées, des labels, etc … ce qui est le cas des “trips” Hopineo. On peut également avoir une démarche autodidacte mais il convient alors d’agir avec prudence / mesure et responsabilité.

Stop aux préjugés ! Si le tourisme solidaire évoque la rencontre, il peut également être synonyme de fun, de farniente... [Viatao] Il est à la portée de tous et chacun peut s'y plaire. La perception du grand public est encore parfois fausse et souvent réductrice. Certains n’hésitent pas à résumer le tourisme solidaire à une visite d’école en Afrique.

Accessible à tous, le tourisme solidaire séduit professionnels et grand public : jeunes, moins jeunes, aventuriers ou pas, petits budgets...  l’ATES appelle à lutter contre les préjugés sur le tourisme solidaire ! Et [Schuldi’s World] souligne l’importance de ne pas poser de limites aux actions positives, pour un tourisme à la fois “décomplexé” et respectueux.

 

Qu’est-ce qu’une offre de “Tourisme Solidaire” ? Des idées de produits, de voyages ?

Une offre locale et responsable

Pour certains, séjour solidaire rime avec temps de rencontre, d’échange, partenariats durables, financement de projets locaux… [ATES]. Pour d’autres, cela  constitue une offre qui apporte un bénéfice à une population, un village, une région mais aussi à la préservation d’un milieu naturel [Terre de Sames].

Pour Les globe-blogueurs, pas de tourisme solidaire sans placer les locaux au cœur des actions en tant qu’experts du territoire ! Qu’il s’agisse de concerter la population locale [Sara Duong] ou de créer des offres spécifiques pour interagir avec elle [Widetrip].

Parce que la considération humaine d’une offre de tourisme solidaire est fondamentale, celle-ci doit également prendre en compte son impact environnemental [Clémence Souchard].

En voyage solidaire, l’individu est acteur [Hopineo], ce peut donc être un voyage participatif, souvent associatif [Claire Batard], comme le pratique Terres d’Aventure avec ses offres de voyages solidaires.

Si d’après Viatao, une offre de tourisme solidaire n’est jamais 100% responsable (exemple : acheter son vol sur Emirates), la solidarité peut guider nos choix une fois sur place.

Pour [Schuldi’s World], une offre solidaire implique nécessairement  des produits responsables : du “local-équitable“, nourriture, souvenirs, guides locaux, hébergements.

Parmi les quelques exemples de voyages solidaires [ATR], citons les chemins de la rencontre “Village Ways” en Inde et au Népal avec La Balaguère Voyages, voyage solidaires et de rencontres avec Terres d’Aventure et Nomade Aventure, mais aussi rendez-vous en terre inconnue et voyagez solidaire avec Double Sens.

Il existe également des offres pour lesquelles le voyageur paye une part dédiée au développement [Hopineo]. L’argent récolté permet - via une association ou un GIE - de réaliser des projets : achat de fournitures scolaires, construction d’écoles, postes de santé, etc).

Pour Claire Batard, une offre de tourisme solidaire bien gérée peut faire naître d’autres initiatives : l’association de voyageurs Frères de Sens, créée par d’anciens voyageurs de Double Sens, est en lien direct avec les actions de l’agence de voyage.

 

Peut-il y avoir des dérives dans le Tourisme Solidaire ? Si oui, lesquelles ?

Il existe de nombreuses dérives au Tourisme Solidaire, et ce pour plusieurs raisons :

  • Confondre développement et assistanat [Hopineo]
  • Méconnaissance de la culture, de l’histoire et des coutumes locales (cf. les soi-disant baptêmes lapons) [Terre de Sames]
  • Manque de communication et de transparence avec les populations locales, ce qui de fait, sert plus l’intérêt particulier que l’intérêt général [Widetrip]
  • Manque de communication auprès des voyageurs qui donne lieu à de “fausses bonnes pratiques” [Viatao]
  • Les bonnes intentions ne suffisent pas, les voyageurs doivent être éclairés et informés [Viatao]

Parmi les dérives, il est à noter que le don gratuit n'est pas acte de tourisme solidaire car il accroît souvent la mendicité [ATES]. Le don peut exister, mais de manière encadrée et réfléchie. Il est donc nécessaire de bien communiquer auprès des voyageurs et de leur livrer quelques conseils éthiques à respecter.

Il ne faut pas confondre volontourisme avec mission humanitaire. Même si les volontouristes ont de bonnes intentions, celles-ci peuvent parfois faire plus de mal que de bien. Ce thème sensible fut développé au Meet-up Tourisme Durable - organisé au Welcome City Lab - par ID-Tourism, Double Sens et l’équipe de The Volontourist, en partenariat avec ATD, le 21 avril dernier.

“C’est bien de vouloir faire bien, encore faut-il bien le faire ! ” [ATR]

 

Quels moyens existe-t-il pour éviter les dérives du Tourisme Solidaire ? Pour les professionnels comme pour les voyageurs ?

Se questionner et “penser responsable”

Pour pallier aux dérives, mieux vaut s’interroger avant de partir afin de donner du sens à son voyage [Widetrip] : solidaire avec qui ? Pourquoi ? De quelle solidarité les populations d’accueil ont elles besoin ?

Pour les professionnels, pensons “modèle économique et RSE”. Pour les voyageurs, “plaisir et consommation responsable” [ATR].

C’est l’état d’esprit du “double sens” : le voyageur a autant à apporter, qu’il n’a à apprendre du pays et des populations qu’il visite.

Enfin, pensons positif : plus le tourisme solidaire se développera, plus il y aura de dérives. Toutefois le public apprendra aussi à mieux faire la différence entre le “bon” tourisme solidaire et le “mauvais” (cf. c'est le même principe que le greenwashing) [Viatao].

Communiquer
  • Informer

En tant que professionnel, nous devons sensibiliser les voyageurs au concept de tourisme solidaire, en amont du voyage et sur place, afin qu'ils comprennent la culture, la population visitée et leur éviter de "tomber" dans l'humanitaire [Clémence Souchard].

Pour que cette notion soit parfaitement intégrée par le voyageur [Kruch Corentin], il convient de faire de la sensibilisation positive, sans lui faire peur [Viatao]. La communication positive est essentielle et l’humour peut s’avérer très efficace si l’on en juge par le buzz du compte Instagram Barbie Savior !

  • S’informer

En tant que voyageur, il est recommandé de participer à des réunions d’information avant le départ, de prendre contact avec des locaux en amont [ATES] et de se renseigner une fois sur place, auprès d’eux [Terre de Sames].

En effet, le voyageur a lui aussi sa responsabilité individuelle. Il doit être éclairé pour être acteur face aux recommandations qui lui sont faites. Il peut également parcourir des guides dédiés au tourisme solidaire et responsable comme les éditions Viatao.

  • Partager

Rien de tel qu’un outil efficace comme la plateforme d’ATD pour le partage des bonnes pratiques entre acteurs du Tourisme Durable ! On pense aussi aux partage de bonnes pratiques d'Hopineo.

Se référer à des labels

Enfin, les labels ATR et ATES garantissent la cohérence avec les valeurs du tourisme responsable et solidaire. Choisir de partir en voyage avec des professionnels membres de tels réseaux - donc labellisés - est une garantie contre les effets néfastes du tourisme solidaire.

Soutenir des associations responsables

Parmi les actions locales, tout voyageur peut également soutenir une association d'aide responsable, si la demande est formulée par les locaux [Terre de Sames].

En images

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