La Biodiversité, un atout pour le Tourisme Durable ?

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La Biodiversité, un atout pour le Tourisme Durable ?
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Un mardi sur deux, ATD organise un chat’ thématique sur Twitter avec un invité convié pour l’occasion. Le 28 février 2017, accompagné de Christian Hosy, coordinateur de l’association France Nature Environnement, nous avons choisi d’aborder le thème de la biodiversité, ô combien d’actualité, si l’on se penche sur les chiffres alarmants du nombre d’espèces en voies d’extinctions, et de celles qui ont d’ores et déjà disparues de la surface de notre planète. Sujet d’actualité également, puisque depuis janvier a été lancée en France, la toute nouvelle Agence française pour la Biodiversité. C’était aussi pour nous, une bonne manière de faire le point, en cinq questions, sur les rapports entretenus par le tourisme et la biodiversité.

La biodiversité, c’est quoi pour vous ? Quelles relations avec le tourisme durable ?

Sur le plan écologique, la biodiversité représente tous les êtres vivants sur notre planète, et toutes les interactions entre ces derniers et leur environnement [France Nature Environnement]. C'est ce qui constitue un biotope [Terre des Sames], c’est-à-dire selon une des définitions, un type de lieu de vie défini par des caractéristiques physiques et chimiques déterminées, hébergeant un ensemble de formes de vie, la biocénose (flore, faune, fonge). Evidemment, la biodiversité inclut l’humain dans cet ensemble [Camping de la fontaine du Hallatte], et ses rapports avec le milieu dans lequel il vit.

Les relations avec le tourisme durable sont multiples. Pour France Nature Environnement, la biodiversité est le socle du tourisme durable, mais aussi son moteur, avec la nécessité de découvrir et de faire découvrir cet environnement. Le tourisme durable est en relation directe avec la biodiversité, car il encourage des pratiques et des notions telles l’apprentissage, la découverte, la sensibilisation, le respect, qui sont évidemment des bases du travail en randonnée [Terre des Sames]. Le tourisme durable implique la notion de protection de la biodiversité d'un territoire [Coopérative AJA], la préservation d’une multitude d’espèces, et pas seulement celles qui attirent les touristes [les globe-blogueurs].

Un tourisme bien géré et éthique permet de soutenir la conservation de la nature, et profite aux communautés locales [Coopérative AJA]. Ce qui importe c'est l'harmonie entre les espèces, si l'homme en est exclu cela ne peut pas fonctionner. Il est important que l’humanité ne voit pas dans la préservation de la nature, un frein à son développement, ni même à son épanouissement [les globes-blogueurs]. Préserver la nature, c’est préserver l’humanité. Ce lien n’est pas assez développé [Terre des Sames].

 

Avez-vous des exemples où tourisme et biodiversité ne font pas bon ménage ?

Il est certain que de nombreux exemples pourraient être trouvés où tourisme et biodiversité entretiennent de mauvais rapports, mais aussi, et fort heureusement de plus en plus, des exemples où le tourisme durable est un facteur de protection de cette dernière.

Il est évident que les visiteurs ont un impact sur la faune locale : perturbations des animaux, modification des habitudes, des migrations, de la reproduction... [Coopérative AJA]. Le tourisme de masse a un impact important sur les milieux fragiles, comme en Laponie, avec les motoneiges et les rennes, le tourisme cynégétique [Terre des Sames], mais aussi, l’hélicoptère au-dessus des forêts, le quad ou autres engins sur des sites sensibles [les globes-blogueurs]. Les balades à dos d’éléphants, mais plus largement toutes les activités touristiques qui placent l’animal au centre des attractions, au détriment de leur bien-être, juste pour l’amusement des touristes, dans une optique d’exploitation commerciale sont des perturbateurs de la biodiversité [Sara Duong].

Pour Reporters sans Frontières, certaines activités comme les safaris en Afrique pourraient perturber la biodiversité locale, et le développement de la faune locale. Plus généralement, une affluence touristique trop forte, et non maîtrisée, par rapport aux capacités d’accueil d’un territoire, est un facteur essentiel de la disparition de la biodiversité [les globes-blogueurs].

Selon France Nature Environnement, l’implantation d’un centre de loisir comme le Center Parc de Roybon est un anti-modèle du tourisme durable, car à l’origine des conséquences dramatiques qui ont vu la destruction de 76 hectares de zones humides. En revanche dans le cas du Center Parc du Bois aux Daims, le groupe a travaillé dès le départ en concertation avec la LPO, et des associations de producteurs locaux. Il n’est pas toujours facile de rattraper un projet mal engagé, d’où l’importance d'anticiper pour éviter ce genre de conséquences, et de ne pas avoir à trouver des moyens de compensation, souvent bien en deça de la réalité des destructions [France Nature Environnement].

Finalement, on peut déplorer assez peu de projets touristiques réellement respectueux de la biodiversité [Reporters sans Frontières]. De là l’utilité du développement du tourisme durable, qui a son rôle à jouer dans le domaine de la biodiversité.

 

Pros du tourisme, quelles sont vos bonnes pratiques en matière de biodiversité ?

 La sensibilisation, et la pédagogie sont des vecteurs essentiels de bonnes pratiques en matière de biodiversité. Pour Terre des Sames, il faut montrer, expliquer, pour pouvoir sensibiliser, notamment en allant observer la faune à distance en milieu naturel, et en petits groupes avertis ; une grosse lacune étant que l’on manque souvent de cette pédagogie pour expliquer les liens qui existent entre l’homme et la nature [les Globes-blogueurs]. Il faut également faire appel à des professionnels du territoire pour sensibiliser les visiteurs, et les former, comme haies-vives-alsace.org, acteur local dédié à l’arbre champêtre, et à la préservation et plantation des haies en Alsace [Coopérative AJA]. Mais également informer en amont, les professionnels des sports de nature dans les aires protégées serait une bonne pratique à encourager, ainsi que la sensibilisation des plaisanciers en mer [France Nature Environnement]. Il faut mettre aussi l’accent sur la gouvernance, et intégrer la préservation de la biodiversité dans les projets comme au Pantanal, joyau de la biodiversité au Brésil [Reporters sans Frontières]. Pour les Globes-blogueurs, donner le goût de l’émerveillement par l’observation de la nature est un bon moyen de sensibiliser aux bonnes pratiques.

Au Camping de la Fontaine du Hallate dans le Morbihan, on a mis en place toute une gamme de bonnes pratiques, des nichoirs pour les oiseaux, un hôtel à insectes, des ruches, des panneaux et des livrets informatifs répertoriant les espèces de papillons et faisant de cet établissement un refuge classé pour de nombreuses espèces. Idem pour VVF Villages qui a mis l’accent sur la sensibilisation et l’apprentissage des bonnes pratiques concernant la biodiversité auprès de ses vacanciers, avec notamment des ateliers pour construire des nichoirs en matériaux recyclés, et l’implantation de jachères fleuries.

 

Et en milieu urbain, comment concilier tourisme et biodiversité ?

 Concilier les activités humaines, et notamment le tourisme en milieu urbain, avec la biodiversité est possible si on a la volonté de le faire [France Nature Environnement]. Un développement écologiquement responsable des villes doit-être assuré, des efforts de conservation entrepris en périphérie pour assurer la conservation de la biodiversité locale. L’objectif étant d’assurer un équilibre entre les besoins de conservation de la nature, et les besoins des populations humaines [Coopérative AJA]. Il faut faire attention à ne pas trop aménager les parcs et jardins, à l’utilisation des pesticides, pour nuire le moins possible à la biodiversité, et l’expliquer aux habitants, comme à Nantes [les Globes-blogueurs].

Un bon moyen de concilier les activités humaines et la biodiversité en milieu urbain, peut-être également la réintroduction d’espèces en voie d’extinction dans notre quotidien de citoyens, comme l’ont fait la ville de Illkirch-Graffenstaden en Alsace, et la LPO en 2016, en installant un nichoir à faucon pèlerin dans le clocher de l’église Saint Symphorien, dont l’occupant a depuis agrandi la famille, et donné naissance à deux autres spécimens [France Nature Environnement].

Les établissements hôteliers, ainsi que les hébergements touristiques peuvent aussi jouer un rôle non négligeable en encourageant la biodiversité, notamment avec l’installation d’hôtels à insectes dans les jardins de leurs établissements, qui combattent les parasites, sans avoir à utiliser des pesticides, et assurent la pollinisation. D’une manière générale, limiter les pollutions sonores, les véhicules à moteur, les rejets de toutes sortes, mais aussi employer des produits d’entretiens et des matériaux bio, planter des espèces natives de la région dans les jardins des établissements touristiques urbains, ne peuvent que favoriser et encourager la biodiversité.

En milieu urbain, tourisme et biodiversité, peuvent se décliner sur le mode de balades urbaines, qui sont régulièrement organisées. C’est le cas de la ville de Paris qui propose des itinéraires pédestres pour découvrir la ville, mais aussi sa faune, sa flore, ses jardins, et ses bois. La création de jardins sur les toits est aussi une bonne occasion d’encourager la biodiversité dans nos cités, et bien sûr sa découverte.

 

Voyez-vous des opportunités entre tourisme, innovation, et biodiversité ?

De l’avis général des participants au tweetchat, les nouvelles technologies sont une bonne opportunité pour lier tourisme et biodiversité, afin de faire découvrir, sensibiliser, donner l’envie de visiter, et pourquoi pas de s’engager dans la préservation par des actions concrètes, comme en Alsace. Les NTIC peuvent-être un excellent vecteur pour partir à la découverte de la faune et de la flore d’une région, à l’exemple d’INPN Espèces. Grâce à une entrée facilitée par l’image et à une géolocalisation depuis son mobile, chacun peut ainsi en un clic mieux connaître la nature autour de soi [France Nature Environnement].

On peut aussi faire preuve d’innovation en créant une application de reconnaissance de chants d’oiseaux [Les Globe-blogueurs] ou encore créer des applications de jeux à l’instar d'un " Pokemon GO de la biodiversité" comme le propose la société française ENEO, qui peuvent être des occasions ludiques, pour petits et grands, de re-découvrir son lieu de résidence. Les applications mobiles de guidages pourraient également intégrer des circuits de découverte de la faune et de la flore, que ce soit en milieu naturel, comme en milieu urbain. Mais un des meilleurs moyens de préserver la biodiversité ne serait-il pas d’instaurer des zones de silence en milieu naturel, et sans wifi ?! [Reporters sans Frontières], et d’utiliser déjà les merveilleux supports pédagogiques que sont les parcs, les jardins, les forêts, le littoral, et la montagne, pour faire découvrir à nos enfants, ainsi que tout à chacun, la nature qui nous entoure, et l’importance de préserver et d’encourager la biodiversité [France Nature Environnement].

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