Rencontre avec les artisans d’Ichimay Wari, Pérou

vendredi 4 avril 2014 Actus du secteur International Patrimoine - Biodiversité Territoires et destinationsActivités et loisirs
Rencontre avec les artisans d’Ichimay Wari, Pérou

À une heure au Sud de Lima, l’association Ichimay Wari regroupe plusieurs artisans de céramique, retable et tissage. Zoom sur un savoir faire traditionnel unique, soutenu par le commerce équitable et le tourisme responsable.

 

C’est à Lurín que Juan nous accueille afin de découvrir les ateliers des artisans de l’association Ichimay Wari et de comprendre davantage qui ils sont et ce qu’ils font. La majorité d’entre eux, originaires d’Ayacucho, sont arrivés à Lurín dans les années 80, fuyant le terrorisme qui frappait leur région. En arrivant ici, ils ont commencé à créer leurs ateliers de toutes pièces. Malgré des débuts difficiles, en quelques années, l’association Ichimay Wari était formée. Elle regroupe aujourd'hui plusieurs dizaines d’ateliers travaillant le textile, la céramique et les retables.

L’ART DE TISSER SELON LES TRADITIONS

Le tissage est un art qui réunit patience et savoir faire. Pour commencer, il faut une bonne idée à tisser : un poncho, un tapis ou un porte-monnaie… de quelconque motif. On prépare ensuite les couleurs qui, comme nous l’explique Emilio, « sont naturelles, extraits de plantes ou de la cochenille, et dont le mélange peut en créer l’unicité ». Nous regroupons ensuite la laine colorée, avant de s'installer devant le métier à tisser mécanique, fait en bois à la main. C’est alors un travail de précision et de patience qui commence, soit plusieurs jours voire semaines de travail selon la taille du tissage avant d’obtenir le résultat final.

LE TRAVAIL DE LA CÉRAMIQUE

Le travail de la céramique requiert patience et créativité. La céramique d’Ayacucho est reconnue pour ses dessins représentant des scènes religieuses et de la vie quotidienne rurale péruvienne. Tout d’abord, on commence par créer des moules dans du plâtre afin de faciliter la tâche et d’augmenter la productivité. Cela prend du temps et demande beaucoup d’imagination, mais ces moules pourront resservir des milliers de fois pour la création d’un même objet, personnage ou accessoire. La céramique de couleur rouge - composée principalement d’argile et d’eau - est sculptée puis séchée pendant plusieurs jours à l’air libre avant d’être passée au four pour la durcir. Vient alors le moment de peindre : un travail qui demande concentration, précision et patience. Donatello, artisan en céramique, nous fait remarquer la qualité des matériaux utilisés, que ce soit l’argile ou la peinture, ainsi que la compétence de la main d’œuvre engagée dans ce travail minutieux.

L’INSECURITÉ DU MARCHÉ

L’artisanat péruvien, que ce soit la céramique ou le textile, est un marché en déclin qui a du mal à survivre à la globalisation et la modernisation. Le marché de l’artisanat traditionnel subit des variantes imprévisibles et se retrouve confronté à une insécurité totale, tant niveau de la demande que des bénéfices qui en découlent. Ichimay Wari vend ses produits au niveau local et national, mais aussi au niveau international par le biais de la CIAP et d’Intercrafts qui promeut l’artisanat péruvien en le commercialisant de façon équitable. Ce type de commerce propose un prix juste à la vente et soutient les artisans au niveau économique et social.Depuis le début de la crise économique, la demande européenne et occidentale a beaucoup diminué et se veut plus exigeante sur les commandes. Il faut savoir que le prix de vente inclut la main d’œuvre, le savoir-faire, le matériel ou encore la qualité du produit, auquel il faut ajouter le coût à l’exportation pour la vente à l’international.

REVALORISER L’ARTISANAT À TRAVERS LE TOURISME RESPONSABLE

Une autre façon de valoriser le travail des artisans est le tourisme responsable. Des circuits touristiques avec visite des ateliers des artisans de tissage, céramique et retable à Lurín sont ainsi proposés par l’association. Cette initiative permet de mettre en valeur la tradition artisanale et la culture péruvienne. Les touristes peuvent alors observer et participer aux ateliers mais aussi partager et discuter avec les artisans afin de mieux comprendre leur activité et leur quotidien. Les femmes des artisans proposent aussi de délicieux plats typiques faits maison tels que la pachamanca (cuisiné sous terre avec des pierres chaudes).Ce type de tourisme alternatif, spécialité de l’agence Pachamama, se veut responsable, solidaire et équitable. Au cours de ce programme de tourisme responsable à Lurín, vous aurez aussi l’occasion, en étant accompagné-e-s par un guide francophone, de visiter le site archéologique de Pachacamac, patrimoine de l’Unesco et lieu culte des cultures préhispaniques, ainsi que la ferme Casa Blanca d’agriculture écologique.

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