A l’usage de tout acteur responsable, en capacité d’agir sur son environnement, ce Plan est le fruit de la coopération d’un ensemble de contributeurs réunis autour de l’équipe du Shift Projet, un think tank identifié pour sa rigueur scientifique, qui se donne pour mission d’éclairer et d’influencer le débat sur la transition énergétique. Le PTEF est composé d’un livre publié en librairie en janvier 2022, et d’un ensemble de rapports sectoriels. Ces travaux visent à proposer des voies pragmatiques pour décarboner l’économie secteur par secteur, à partir d’une approche globale, systémique et cohérente, sans dogme économique ou technologique.

Nous autres, acteurs du tourisme, trouverons principalement des thèmes en lien avec notre secteur dans les rapports :

• « Décarbonons la culture » : comment la culture, argument de poids dans le paysage touristique de nos territoires, peut devenir un moteur de la transition.
• « Habiter une société bas carbone » : Avec plus de 15% de logements qui sont des résidences secondaires en France, et plus de 21% de logements vacants, certains territoires suréquipés peuvent explorer les 4 axes évoqués pour agir sur un habitat touristique non marchand… Dommage que le Shift Project n’ait pas (encore) porté son exploration sur les 5,5 millions de lits touristiques marchands classés (hôtels, résidences de tourisme, meublés, villages de vacances,…) qui pourraient décliner l’essentiel des pistes évoquées sur le logement résidentiel.
• « Voyager bas carbone » : pas de tourisme sans mobilité selon la définition officielle internationale, et pas de mobilité longue distance sans « véhicule » plus ou moins énergivore. Cet opus est donc le plus marquant pour tous les acteurs du tourisme.

Mobilité longue distance : pourquoi chaque acteur du tourisme (voyage, hébergement, loisirs, culture, territoire d’accueil,…) est concerné par une analyse qui traite majoritairement des transitions de l’aérien et du ferroviaire ? Illustrations :

• Réduire la fréquence des voyages long-courrier en avion : implique des propositions alternatives attractives pour répondre aux publics correspondants, avec notamment des voyages plus lents, plus proches, plus immersifs, plus longs, intra-européens voire de proximité avec expérience de dépaysement garanti.
• Privilégier le train pour limiter l’usage de la voiture : implique d’apporter des réponses aux approches des derniers kilomètres, en organisant les services adaptés aux futures demandes.
• Transformer l’offre touristique en cohérence avec l’évolution de la mobilité : implique de rechercher et développer les services de mobilités sur place, avec des offres visibles, accessibles, intégrées par les hébergeurs « collectifs » (villages de vacances, campings,…), ou mis en avant par les intermédiaires locaux.
• Vers une gouvernance carbone du tourisme : implique la capacité à intégrer de nouveaux indicateurs de pilotage des politiques touristiques permettant de mesurer les effets des décisions prises et de les corriger…

Il reste à regretter que ces travaux du Shift Project véritablement très riches, n’intègrent pas le sujet pourtant crucial du tourisme international. Cette approche pourrait conduire à revisiter les objectifs d’attractivité des clientèles étrangères ciblées sur la base de critères combinant les enjeux économiques, sociaux, politiques et environnementaux, intégrant donc notamment l’impact des modes de transport.